jeudi 4 juillet 2013

Le compte low cost Nickel, une bonne nouvelle pour les « interdits bancaires »

Ils sont près de deux millions en France. Les « interdits bancaires », écartés du système et souvent aux abois, n’achètent pas leurs billets de train en ligne, ils n’ont pas de chéquier et, la plupart du temps, ne savent plus ce que c’est que retirer de l’argent à un distributeur. Ils sont fichés à la Banque de France, et cela peut durer cinq ans. Selon les associations, il existe en France au total près de cinq millions d’exclus du système bancaire.
C’est un peu pour eux qu’a été pensé le nouveau concept du compte en banques low-cost Nickel, que l’on pourra ouvrir dès cet automne dans les bureaux de tabac. Une « immense première » selon l’un des initiateurs du projet – futur président du conseil de surveillance – Hugues le Bret, ancien patron de Boursorama. La « Logan des comptes en banque » ajoute-t-il, en référence à la voiture low-cost de Renault.
Serge Maître, porte-parole de l’Afub (Association française des usagers des banques), est dubitatif sur la « révolution » que représenterait une telle innovation :
« La plupart des services proposés existent déjà au sein des banques classiques. »
A peu de choses près, cela semble être le cas (le « droit au compte » impose des obligations aux établissements bancaires). Mais différence non négligeable : cette carte devrait permettre de régler des achats sur Internet, ce qui n’est pas le cas des autres, dépourvues du code de sécurité exigé lors d’un paiement en ligne.

Un conseiller bancaire bienveillant

Pour Nicolas Bousquet, 35 ans (rencontré grâce à notre appel à témoins, comme les autres interdits bancaires de cet article), la vie d’« interdit » s’est étalée sur dix ans, de 1999 à 2009. A la suite de chèques sans provision de quelques centaines d’euros, Nicolas a été fiché à la Banque de France et privé de tout moyen de paiement. Il parvenait tout de même a gagner un peu d’argent et à garnir son compte. Mais pour le dépenser, il était contraint de se rendre au guichet.
Rapidement, un conseiller bancaire « bienveillant » du Crédit Mutuel lui a proposé une MasterCard Maestro. Cette carte de débit, qui interroge la banque à chaque paiement, lui a permis de gérer son quotidien pendant toute une décennie. Il explique :
« J’avais le droit de dépenser 300 euros par semaine. Avec beaucoup d’anticipation et une gestion rigoureuse des dépenses, il est possible de vivre sans trop sentir peser les contraintes. »
Lorsqu’il faisait ses courses, la carte interrogeait longuement sa banque avant chaque débit. Mais comme son compte était créditeur, tout se passait bien.
Dans certaines situations, les choses se compliquaient :
« Les péages et les stations-service nocturnes ne prennent pas la Maestro. Je devais dans le premier cas calculer l’argent liquide nécessaire pour tout le trajet, dans le second faire le plein avant que les derniers vendeurs ne quittent la station d’essence. »
Mais globalement, Nicolas a traversé cette décennie sans anicroche majeure. Sa banque, compréhensive, a même un jour repoussé son plafond de paiement lorsque cela s’est avéré indispensable.

« Une expérience humiliante »

Tout le monde ne vit pas une telle période avec autant de sérénité. Emilie (prénom d’emprunt), 23 ans, remonte doucement la pente.
Déstabilisée par une formation professionnelle harassante, elle a plongé dans une spirale de dépenses incontrôlées. Conséquences : fichage à la Banque de France et exclusion totale du système bancaire il y a un an.
De cette expérience « humiliante », dont elle n’est pas encore sortie, l’étudiante retient une chose principale : le manque total d’aide fournie par son banquier. A aucun moment celui-ci ne l’a informé de son droit à disposer d’un moyen de paiement, comme cela a été le cas pour Nicolas :
« Si je n’avais pas fini par la demander, je n’aurai jamais obtenu cette carte, et j’en serais toujours galérer à faire des retraits au guichet. »
La banque refuse de régulariser sa situation avant cinq ans, alors que l’étudiante est créditrice et aura bientôt un contrat de travail et sera correctement rémunérée.

Des coupons alimentaires

Alice (prénom d’emprunt), jeune Lorraine de 29 ans, subit de plein fouet la violence de sa situation. Il y a cinq mois, la CAF cesse de lui verser son RSA sans autre forme d’explication. Son compte se creuse jusqu’à atteindre un découvert abyssal (pour elle) de plus de 1 000 euros. Sa banque – le Crédit Mutuel, encore – lui signifie son fichage à la Banque de France, et lui retire carte et chéquier....................... LA SUITE SUR CE LIEN .............. http://www.rue89.com/

1 commentaire:

  1. C'est bien d'avoir "offert" ce moyen aux personnes qui sont dans ce cas!
    En étant très vigilent dans les dépenses, ils ont plus de facilité!
    Il est vrai que certains dépensent trop! Et puis, c'est la catastrophe! D'autres ne sont pas responsables! La vie est tellement difficile pour le moment!
    Bonne fin de journée
    Bises
    Francine

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